Parce qu’un itinéraire est le fruit de rencontres pas toujours fortuites, de coups de cœur ou de sang et d’événements déclencheurs
Sciences po, un mur s’écroule, première vie professionnelle (fin des années 80, milieu 90)
Vouloir saisir les codes du monde des années 80 dans lequel je vivais était vraisemblablement la motivation profonde à faire le choix de l’institut d’Etudes Politiques de Grenoble en 1987 puis de l’Institut d’Urbanisme de Lyon, 3 ans plus tard.
J’ai envié les étudiants qui sont partis sur-le-champ caméra au poing ce 9 Novembre 1989. Le mur de Berlin s’écroulait. Le monde bipolaire tel qu’on nous le transmettait n’était plus et on se devait d’en rendre compte. D’en être les témoins actifs.
Plus tard, je passerai mes premières missions professionnelles dans des territoires ruraux. A imaginer des projets pour faire venir la culture dans des zones isolées ou encore permettre à des agriculteurs de survivre de leur production. Ce n’est après tout qu’un changement d’échelle. Du local à l’international. Du détail au général. Ce sont toujours des vies. Des mondes qui s’emboitent. Des histoires humaines qui me retiennent.
Musiques au cœur, arts de la scène (les années 2000)
Des années de pratique et de passion musicale ont finalement impulsé une nouvelle trajectoire à ma vie professionnelle. L’univers de la musique, je m’y sentais comme un poisson dans l’eau. Non sans être passée par la case formation, avec un Master de direction de projets culturels en poche, je me retrouve sur un nuage deux ans plus tard dans cette petite loge de l’Opéra National de Lyon. Je travaille avec le directeur musical d’alors : Kent Nagano. Un monde à part que celui des chefs d’orchestre. De la musique classique aux musiques improvisées, auxquels s’ajoutera plus tard la danse contemporaine, de maisons de disque en festivals, de compagnies en services de l’Etat, je sillonne pendant plus de 10 ans une partie du monde culturel et de ses acteurs. D’aventures en rencontres, je monte de nombreuses productions d’artistes des arts de la scène, en France, en Europe, puis en Egypte.
Le Caire, une révolution individuelle par l’image (à partir de 2011)
Depuis qu’un ami m’avait dit que ce que j’écrivais, on le voyait et l’entendait, j’avais enfin franchi le pas de m’emparer de l’objet caméra. Sans formation théorique. Juste avec mon désir de composer des images, de m’appuyer sur la musique et de raconter des histoires.
Alors que je faisais seule mes premiers pas avec la vidéo, le 25 janvier 2011 est arrivé. J’étais au Caire. De cette image de centaines puis de milliers d’Egyptiens convergeant vers cette immense place Tahrir pour lutter contre une dictature, je reste imprégnée. Capturer l’esquisse d’une révolution à laquelle j’assistais, était ma préoccupation quotidienne. Aller à la recherche de ces trajectoires humaines qui réunies, finissent par créer un mouvement global. La grande Histoire.
Ce fut là un baptême du feu. Une révolution à mon échelle. Dorénavant, je continuerai à filmer et à écrire des films surgis du réel.
La folle aventure du documentaire depuis 2013
Munie d’un récent bagage théorique et pratique en réalisation et montage documentaire, je me suis vite rendu compte que c’est surtout en « faisant » qu’on apprend à réaliser des films ! Depuis, j’ai écrit, réalisé et monté mon premier long métrage documentaire en Tunisie « je danserai malgré tout ! ». En parallèle je travaille les formes documentaires très courtes. Cela m’a valu en 2016 de remporter le 4ème prix au concours Infracourt de France Télévisions avec un court métrage sur le site d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure. En 2018, un autre court « 47 centimes » obtient le 2ème prix ainsi que le prix de la SCAM pour le même programme.
Les prochaines années seront consacrées à l’écriture et la réalisation de plusieurs films documentaires. Et toujours des échappées vers les formats courts.
Et la psychanalyse dans tout ça ?
La décision en 2007 de me plonger en parallèle de mes activités professionnelles dans l’étude de la psychanalyse à Paris 8, m’a donné d’autres outils pour saisir la complexité des trajectoires humaines. La pratique de l’écoute de l’Autre pendant plus de 5 ans en institution psychiatrique m’a convaincue d’une chose : les histoires de vie que nous offre la réalité est une source inépuisable et puissante d’apprentissage, d’inspiration et de poésie.